Esperanza

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

ESPERANZA

Conte philosophique

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

à ceux qui croient en moi, en eux ou rêvent d’un monde meilleur,

à ceux qui disent leurs idéaux, à ceux qui les mettent en pratique !

Aux autres,

Et à mon père, au monde, et à la vie,

 

 

 

 

 

LIVRE I 

Les anges de nos vies 

 

« La seule maladie réellement terminale est la condition humaine. »

Barbara Ann Brennan

 

 

 

 

Première partie 

 

« Tout ce qui existe a commencé par être un rêve »

 

 

 

 

CHAPITRE 1 

La liberté du sage

 

De la main de l'Homme, l'inspiration survient. Elle dit la Vérité, mais n'en fait pas une Bible. L'Homme devient un canal, libre de toute contrainte, autre que celle d'exister, car la vie, à elle seule, est contrainte. L'Homme inspiré n'est pas un Dieu, mais un sage. Comme tout être inspiré, il est, tout simplement, ivre d'instant présent. Il parcourt la terre, sans attache, ni racine, qui piègent l'esprit dans la contrainte et enferme le cœur dans les obligations. La vie urbaine et concrète est un fardeau, inventé pour mieux contrôler les Hommes. Demandez vous pourquoi toutes civilisations nomades ont été exterminées, dépréciées, au fil de nos histoires. La vie nomade brise le rythme quotidien, son train-train assommant. Elle libère les esprits, la marche, l'avancée et le mouvement serein, au rythme des saisons, aide l'Homme à se détacher, à être ce qu'il doit être. Soyez nomades, disait le Fils de l'Homme L'obligation, quant à elle, aveugle. La contrainte est un leurre qui nous prive d'exister selon le plan que l'univers a préparé pour nous. Ainsi, nous sommes des sages enchaînés. Le sage en nous ne meurt jamais, mais il souffre, comme le prisonnier. Et il croit, autre leurre, que la mort seule, peut le libérer. Écoutez. Le sage en vous essaye de vous parler. Donnez-lui en le temps, ralentissez le souffle et le rythme effréné. Une heure dans la journée, suffit, pour commencer. Ne rien faire, se poser. Écouter. J'ai libéré mon sage, voyons ce qu'il me dit.

 

Du haut d’une colline, je perçois une voix provenant d’une ville au loin, derrière les éoliennes et les tuiles colorées, là-bas.

Concentré sur le vrai, sur l’ici et maintenant, tout est à ma portée, même les pensées des autres.

Je suis vêtu humblement, n’ayant rien à prouver, je foule le sol de mes pieds nus pour me raccrocher à la terre. Je ne néglige en rien la valeur de mon corps pour forger ma santé. Je fais des exercices par la respiration, c’est le plus important pour rester immerger dans le précieux instant présent, le seul, le vrai plus important. Cette science millénaire, n’attendait que nous, comme les autres, toujours cachées au fin fond des cultures du monde.

J’écoute la voix qui vient de l’horizon. Je souris, et avance encore, relâché à l’extrême pour entendre le message : le moment est venu d’envoyer des visions à la belle ingénue apparue dans ma tête. Je lui envoie, par la pensée, des images rêvées, vite oubliées, qui me reparaissent comme si c’était hier.

La jeune femme me répond, intriguée par le fond, mais c’est tout ce que je peux dire. Je ne sais pas la fin, je ne connais pas la suite.

Des animaux m’entourent, certains me lèchent la main que je retire, amusé, légèrement chatouillé. Cette communion avec la terre et avec la nature, résume mon quotidien.

Comme la jeune femme n’apparaît plus, je retourne chez moi, n’importe où, comme je suis venu. Car ma vie n’est que ça : servir d’intermédiaire entre la vie et les êtres.   

 

 

  

CHAPITRE 2

Un nouveau monde

 

Je vais vous présenter un nouveau monde étrange, fondé sur les espoirs et les rêves de chacun qui sont bien pris en compte.

Le rêve accessible est l’objectif direct, et les uns dans les autres, tous les rêves accessibles permettent les plus grands rêves, que certains nomment des utopies, sans savoir qu’étant seulement trop loin pour être visibles, ils ne sont jamais impossibles et irréalisables.

Donc, l’espoir seul forge les êtres du monde que je veux vous présenter.

Il peut s’appeler la foi, mais je vais en rester à un mot, concevable pour beaucoup : je l’appellerai l’espoir.

Dans ce nouveau monde, il y a ceux qui me croient, et par ce seul pouvoir, il me font exister.

Je suis comme ils le veulent, je suis tout ce qu’ils veulent.

Beaucoup me représentent comme une vaste lumière qui éclaire, réchauffe, soulage et soigne.

Ils s’appellent les Soleils, et je suis comblé e s de leur parler.    

Ils ont enlevé le filtre que j’avais glissé entre vous et nous pour vous protéger de mes rayons, car ils maîtrisent les énergies, et se protègent des feux puissants.

 

Dans ce monde très étrange, chacun sait qu’il est la terre, les plantes, les animaux, l’humain, les autres planètes et systèmes solaires.

Tout le monde sait ça, et la maladie n’a plus à répéter sans fin que vous n’êtes pas bien, que votre vie n’est pas la vôtre quand vous reniez ce que vous êtes vraiment.

Elle délivre son message en ciblant vos peurs et vos troubles passés : elle vous demande de lâcher prise. Le passé nous rattrape toujours, et il est possible de se tuer à trop vouloir le refuser, au lieu de céder à ses vérités pour libérer le mal et en être soigné.

Si vos pensées suscitent les maux, elles peuvent aussi vous libérer en l’espérant assez. 

 

Tout le monde sait qu’il est une miette dans une baguette de pain.

Voilà pourquoi il semble absurde de refuser de croire en moi, à condition de voir la baguette en entier, car il est évident que la baguette que je suis est la mieux placée pour le faire.

La plus petite cellule de votre corps peinerait à vous voir entièrement, quand vous le faites simplement dans une glace.

 

Dans ce monde étrange, il n’y a pas de caste, de hiérarchie, ni même de religion, de frontière, de pays. Et le peuple de la terre parle une langue issue de toutes les autres.

Avant de se parler, comme les Soleils le font, à l’aide de la pensée.

Cette langue universelle ne s’apprend pas, mais vogue déjà en nous.

 

Si vous êtes tous une miette de ma constitution, chacun détient alors une part de vérité dont vos œuvres témoignent, comme toutes les créatures ou éléments du monde.

Renier un élément de la vie quel qu’il soit, équivaut à renier une part de vérité, et donc, une part de moi.    

En résumé, l’humain brille à sa guise, libéré de ses maux.

Si je suis le soleil, il peut briller comme moi. Celui qui n’y arrive pas est aidé par les autres.

Ceux qui viennent jusqu’à moi peuvent entendre ma voix, ressentir ma chaleur, mon soutien, mon amour.

 

Mais ne me nommez pas ou comme chacun le veut, sans l’imposer aux autres.

Telle est ma condition.

 

Elle me nomme Relatif, et vous, comme vous voulez.

Elle me voit comme une baguette de pain. Bien sûr, c’est une image, une façon de parler. Et vous, voyez-moi comme vous voulez.

Mais qui que vous soyez : que vous soyez venus au monde pour vous, vos proches ou pour participer à agrandir la conscience de l’univers.

Quel que soit votre sexe, celui de vos amours, votre couleur de peau, quels que soient vos péchés, qui ne sont que des peurs, des troubles, des faiblesses, que je peux effacer, quelle que soit la raison de n’importe quel jugement intérieur, extérieur que l’on peut vous porter, sachez que je vous aime d’une manière toute égale.

Je vous donne ma lumière, mon soutien et ma force, mais surtout, je vous donne cette précieuse énergie qui peut tout soigner.

Donnez-moi donc vos peurs, et donnez-moi vos doutes, je peux bien les porter, pour moi ils ne sont rien.    

  

Je suis le Relatif, je suis vous, vous êtes moi.

 

 CHAPITRE 3

Mélisse Atayo

 

Voici maintenant une jeune fille qui ne se connaît pas.

Elle vit dans l’un de ces brouillards intérieurs, qui brouille nos horizons et nous prive de connaissance sur ce que nous sommes et sur ce qui nous entoure.

Voilà sans doute pourquoi elle se raccroche autant à l’existence d’un autre. Elle vit à travers lui, et veut danser comme lui : la référence de sa vie à ce moment précis.

Nos parents sont rarement nos vraies références à l’adolescence. Le recul est à prendre, comme l’envol pour l’oiseau, pour mieux se voir, de l’extérieur, et se connaître enfin.

Le souci de Mélisse Atayo, c est qu’elle est ses parents, et qu’elle veut devenir lui : Yoko Takashi, le grand danseur de cette époque.

 

Elle est conçue dans une pagode de l’ancien japon où ses parents se téléportent.

Après leur union en plein air, un équivalent du mariage, avec les habitants de la terre, ils appuient sur un fin talisman de quartz blanc, moulé à partir de leur main, et fixé sur les manches de leurs vêtements, puis ils nomment une destination.

Une lumière vive absorbe alors leur main, puis leur corps en entier, et les voilà partis là où ils ont grandi, pendant que la fête bat encore son plein sous les rires et les chants dans le secteur qu’ils ont quitté !

Ils s’ébattent tendrement, bercés par le son cristalin d’un carillon inspiré par le souffle du vent, quand une foule de fleurs blanches se glissent par la fenêtre ouverte, et tournoient dans la pièce.

L’une d’elles se pose alors entre eux après avoir longtemps tourbillonné, comme indécise et survoltée.

- Je crois qu’un esprit dansant vient de frapper à notre porte ! Souffle son père, d’un ton voilé par l’émotion. 

Et ils s’enlacent le cœur tapant, tambourinant de joie à l’idée d’embellir le monde. Créer un être à leur image, c’est un si beau cadeau !

 

Mélisse naît dans l’eau, au bord de l’océan.

Les dauphins la rassurent avec leurs ultra sons, la guidant vers le seuil de sa nouvelle maison.

Ils lui chantent une chanson pour alléger ses doutes, et qu’elle sorte en confiance, vers la lumière du jour.

A la mort comme à la naissance, une lumière est à suivre au bout d’un long tunnel. Mais comme une ironie du sort, celle de la vie peut paraître angoissante, quand l’autre, d’après tout ceux qui en sont revenus, rassure et soigne les maux.

Ses poumons ne sont pas déchirés tout de suite par l’air pur extérieur, comme le seraient ses yeux par la lumière du jour. Le liquide atténue la douleur comme un filtre, offrant une meilleure transition à l’enfant, bien avant que sa tête ne surgisse au-dehors.

Son souffle s’épanche alors, sa voix s’élève enfin vers tous les habitants qui l’accueillent en chantant.

Ils défilent tout le jour sous la pluie rarissime pour fêter avec bruit la seule naissance du mois, car dans ce monde étrange, un rythme de naissances stabilisé, souhaité par la majorité des habitants, et approuvé, mis en place par les délégués, permet de préserver les différents biotopes et d’assurer le confort de tous.

Les parents prennent le temps de vouloir le devenir, ils se sensibilisent à leur rôle de parents, et sont vraiment comblés quand ils le sont enfin.

 

 

CHAPITRE 4

Une existence brumeuse

 

Regardez-moi, assise dans mon lit à me demander seulement pourquoi j’ouvre les yeux ! Je suis là, sans essence, à regarder les murs.

Ici, tout est mobile, sauf l’état de mes pensées. Seul mon corps fuit souvent cette vie en sursis.

Je regarde mon chanteur préféré en image de synthèse juste à côté de moi, et c’est comme si un semblant de journée commençait.

Quelqu’un m’a dit, je ne sais plus qui, que l’intérêt de notre vie ne résidait pas réellement dans ce qui nous entoure, mais plutôt dans ce que nous sommes ou renvoyons de nous-même à ce monde. En gros, peut importe où nous vivons, car le plus important, c’est de vivre en harmonie avec ce que nous souhaitons être, avec la vie que nous souhaitons avoir pour nous.

Pour preuve, je vis dans le meilleur des mondes et ne m’en satisfais pas ! En fait, le cauchemar de ma vie est cette sensation de ne pas exister, d’être une sorte d’errance invisible à l’image des fantômes, sauf que eux on les remarque ! Même eux ont plus de chance que moi ! C’est comme si depuis que toutes les techniques ont été officiellement déployées pour parler quotidiennement avec eux dans le but d’alléger leurs souffrances, certains vivants n’existaient plus ! Depuis que les matériaux de pointe dominent dans les maisons pour parler avec les défunts, et même les voir sur des écrans, personne ne s’occupe des vivants.

J’oubliais les Soleils qui les voient sans machine et leur parlent sans intermédiaire informatique ou autre. Comment font-ils ? C’est un mystère. Ça me fait un peu peur, mais j’aimerais le découvrir. Je demande à le découvrir. En attendant, c’est un peu effrayant et ça ne m’éclaire pas pour autant sur ce que je vais devenir.

Je me glisse hors du lit, enfin prête à attaquer ma journée, enfile mes habits synthétiques qui me suivront jusqu’à ma mort. Ils sont indéchirables, peuvent changer de taille ou d’apparence sur un simple mot de ma part.

Je pose ma main gauche, celle du cœur, sur mon téléporteur, sur la manche de ma chemise, et lance :

- Mer Caspienne !

Je flotte un moment sur le dos. C’est comme si l’eau salée absorbait mes soucis, mes douleurs et mes maux. Le sang bourdonne à mes oreilles, et c’est tout, je divague un long moment à en perdre la notion du temps. Il faut que je me reprenne. En me redressant un petit peu, je devine l’ombre des Esturgeons qui flottent en-dessous de moi.

Pourquoi la mer Caspienne ? Franchement je n’en sais rien, pour voir les phoques sans doute. Leur dos tacheté et grisonnant, ils bronzent sur la rive, se poursuivent en criant. Je pense surtout que j’aime ce lieu, car il n’y a personne à part eux. Certains s’approchent de moi, me tournent autour, comme une invitation.

Une fois j’avais vu un garçon. Il était assez loin, et je ne sais pas s’il m’a vue, mais c’était bien ! Nous flottions tous les deux au milieu de nulle part.

Quand je rentre chez moi, je repense au garçon pendant que mes habits sèchent tout seuls, durant quelques minutes.

    

Les bains de mer sont fortement conseillés par les Délégués de la terre afin d’économiser l’eau, devenue rarissime. Elle est recyclée par ailleurs ou précieusement gardée pour la consommation.

L’eau de mer est déssalée pour que l’on puisse la boire, mais c’est rare, car le sel de la mer protège ses habitants. Le sel, récupéré, sert pour les aliments ou pour les bains à domicile.         

 

Je me fige un long moment contre la vitre arrondie de ma chambre.

J’adore me coller là dès l’aube, admirer les lueurs matinales qui fulminent de partout.

Esperanza scintille.

Les premiers feux du soleil tombent sur les capteurs solaires, photo voltaïques ou les capteurs de pluie qui recouvrent les immeubles.

Des miroirs, destinés à amplifier les rayons trop discrets, se rabattent lentement sur les façades.

Ils cèdent peu à peu la place aux écailles colorées : tournesols pivotants, changeant sans cesse d’éclat à la recherche des feux solaires.

Arrosant l’aube de ses couleurs, ce feu d’artifice chasse la grisaille de mon cœur.

J’admire aussi, à gauche, l’immense Délégation, recouverte de tourmaline noire, minéral imparable contre les ondes électro magnétiques ambiantes, qui cohabitent mal avec l’énergie autour de notre corps, notre aura.

Je songe un moment à me défenestrer ; et envie les Soleils qui n’ont pas besoin de téléporteur, car ils arrivent à sortir leur esprit de leur corps pour se déplacer en se concentrant seulement sur le lieu où ils veulent aller.

Les cristaux de roche sur certains bâtiments, élèveraient et purifieraient sufisamment l’énergie d’Esperanza pour que ce soit possible.         

Pour ne pas être en retard au centre d’enseignement, je me dirige vers le salon de l’appartement que je partage avec mes parents.

Une foule de petits capteurs, sensibles à mes pensées, déclenchent un éclairage quand j’entre dans la pièce.

 

Je rêve d’une vie heureuse qui semble me bouder.

Mais qu’est-ce qu’elle attend, cette vie, à la fin ? ! Je croyais qu’il suffisait de la rêver pour qu’elle arrive, je vais finir par désespérer !

Et en même temps, je ne peux pas m’empêcher de rêver, c’est comme si j’étais programmée, c’est plus fort que moi.

 

Je prends mon déjeuner sur la table basse du salon, les yeux plantés dans le vide, regard flottant sur la fresque mystérieuse qui recouvre les portes coulissantes du placard mural, comme un film étendant ses images, déployées une à une.

Je peux voir une Geisha, les cheveux en chignon, qui marche sur un sentier. Son joli kimono est tenu par un obi rouge dont le bout paraît flotter dans le vent.

Ses mains se rejoignent humblement dans les manches longues de son habit.

Le sentier part d’une vieille pagode, entourée d’une végétation dense représentée seulement par quelques traits furtifs. Il aboutit sur une corniche du sommet de laquelle un garçon toise de petits poissons d’or, voilés par la fumée, dans la tonitruance d’une cascade immense.

Je ne veux pas connaître la symbolique de cette fresque, ni même savoir s’il y en a une. Même si l’intérêt des choses et des êtres réside essentiellement dans ce que l’on ne peut voir, mais qui est suggéré, comme le soutient mon père.

Ça ne m’intéresse pas ; j’ai l’impression de perdre mon temps à essayer de comprendre ça, alors que j’ai déjà assez de mal à me comprendre moi-même.

Pour moi, la vie c’est faire et sentir, le reste est superflu.

Cette fresque est belle, pour moi ça s’arrête là.

 

Je mange tranquillement, songeant à mes parents déjà téléportés à leur participation collective.

Mon père est pardonneur.

Il remercie d’abord les animaux que l’on va sacrifier pour nourrir les Humains, et chante un hymne de pardon.

Comme les trappeurs d’avant, les Humains sacrifient très peu d’animaux par espèce. Faisant sans cesse un roulement entre chacune, ils évitent ainsi les naissances trop nombreuses.

Ils protègent chaque espèce animale, végétale, minérale, officiellement reconnue comme le maillon d’une chaîne, indispensable à l’équilibre des biotopes.

Et les Humains gèrent cet équilibre avec beaucoup de précaution et de minutie.

Ma mère s’occupe des plantes dans le jardin collectif de la Boliviane.

 

Si je veux me téléporter au centre d’enseignement la machine me prévient de sa voix aguicheuse :

- C’est trop près, chère Mélisse, marche et rêve ! 

Alors je songe à Manon, à l’autre bout du secteur, qui peut se le permettre.    

 

 

CHAPITRE 5

La conseillère dramatique 

 

Certains agissent sans cesse pour pouvoir exister, et d’autres ont l’impression qu’en s’activant ainsi, ils manquent une chose sacrée.

Ils manquent le temps ; leur temps, celui d’exister.

Comme ceux qui foncent craignent de perdre leur temps, et de ne pas avancer s’ils ne font pas, je prends le temps d’exister, et de jouer avec le temps dans toutes ses dimensions, en restant immobile.

Je suis ce qu’ils appellent Soleil. Je suis la conseillère de Yoko Takashi et aussi, déléguée Terrestre, un peu tout à la fois.

Assise sur le toit d’une église, les cheveux dans le vent, je médite en silence. C’est mon jour de congé et comme beaucoup de Soleils, je l’emploie à méditer. Je regarde la rivière en bas, puis je ferme les yeux. Le clapotis de l’eau est un son relaxant sur lequel je m’appuie. Je me laisse engloutir par le vide intérieur pour devenir un canal. Je m’aide de la respiration. L’expire m’aide à me vider, purifiant peu à peu mon jardin intérieur. Une fois que le vide est fait, moi, je ne fais plus rien. Sans la moindre pensée, émotion, intention, je guette l'information qui pourrait me trouver. C’est bien à elle de me trouver, moi je reste passive. Il me faut rester disponible, assez humble pour me laisser porter et devenir un outil. Et cette humilité nous donne les pleins pouvoirs, elle permet de tout faire. Etrange contradiction : c’est en devenant l’ouvrier du pouvoir le plus haut que l'on peut en disposer ! Il ne veut que du bien, accomplir des miracles.

Les sages des plaines peuvent tout. Nous les appelons nos maîtres. Ils font des choses extraordinaires, et nous aident quelque fois à alléger nos vies.   

Physiquement immobile, je bouge, je vais partout, je suis partout.

Le paysage est vaste, étourdissant ! Et mon esprit file vite, dépasse les TGV, les concordes, la lumière !

Il survole une plaine immense où une foule d’animaux s’avance paisiblement.

Il survole un désert, et une clôture rocheuse, un labyrinthe géant aux formes poétiques. Il survole finalement un manteau de verdure, une clairière étendue ; au centre, un arbre immense, plus grand que tous les autres : voici l’arbre de vie.

Et je me sens happée par tous ces paysages, ces terres, ces animaux.

Je vois un sage, marchant sur l’eau, deux jeunes à ses côtés.

L’impression de mouvement s’atténue peu à peu.

Puis je reviens dans mon corps, sur le toit de l’église, pour rêver en silence à ce nouveau voyage.

Il existe une raison, un message à garder, mais je ne comprends pas.

Tant pis, comme d’habitude ça viendra en son temps.

 

Je devine une silhouette au loin, derrière la ceinture d’éoliennes.

C’est le sage ; il attend.

Je me concentre alors sur lui pour entendre ses pensées.

Quand ces mots frappent mes tempes :

« Tu sauras ! »

Moi je ne sais toujours pas.

Je suis seulement Céleste.

Je suis seulement Soleil. Esperanza scintille, c’est mon havre de paix.

Ici, les habitants n’ont qu’un représentant, ils n’ont qu’un délégué, non plus un dirigeant.

Et notre délégué et les sous-délégués touchent autant de flocons, notre argent symbolique, que les autres habitants.

Car après tout, l’argent est purement symbolique pour la simple raison qu’il ne pousse pas dans l’herbe.

Il a causé tant de conflits depuis la nuit des temps !

Jusqu’à ce qu’il devienne une bête de prophétie, le fameux signe du diable, 666 : les lignes sur les codes barres que certains maîtres ont vus.

Les humains ont compris au gré des expériences que l’argent ne se mange pas, mais tue les liens sociaux, la nature et les rêves, et prive de liberté.

 

La Délégation récolte les offres de service pour aider ses semblables.

Celui qui reçoit le service, lui donne 60 unités pour une heure de travail, dont 30 reviennent à l’auteur du service.

Et les 30 autres sont destinés aux travailleurs des services collectifs de la délégation, pour permettre à chacun d’être logé, nourri et soigné comme il veut, et même de recevoir un enseignement.

Les travailleurs des services collectifs sont une minorité de la population.

Ils touchent également 60 unités par heure, dont la moitié est reversée à un fond pour aider ceux qui n’atteignent pas le plancher mensuel pour leurs loisirs.

Et si un habitant dépasse le plafond institué, le surplus est reversé directement à ce fond d’aide ou aux services de participation collective.

Un rapport de solidarité s’impose ainsi. Et nous sommes solidaires, car nous sommes responsables.

Les participants des services collectifs sont les sous délégués.

Ceux qui le veulent se réunissent souvent pour permettre à chacun de briller dans sa spécialité.

Et le délégué est juste un médiateur ; il fait en sorte que les échanges se passent bien lors des nombreuses manifestations festives.

Il veille et participe aussi à ce que les idées de chacun soient bien valorisées, et mises en pratique si elles sont validées par la majorité.

Ainsi Esperanza brille des idées de chacun, récoltées dans une boîte, et mises en avant, lors du rassemblement où elles sont lues, après un tri visant à enlever toute note négative.

 

Un arbre est planté à Esperanza à chaque nouvelle naissance et chaque nouveau décès.

Une catégorie de chanvre remplace l’arbre pour faire le papier et isoler les maisons. Il a l’avantage de ne pas brûler.

 

En un siècle éloigné, nous avons découvert un 13 ème crâne de cristal, dans une salle inconnue, dans la patte droite d’un sphinx.

Et ce legs du peuple Atlante a permis un progrès humaniste, technique et écologique sans précédent, quand ces crânes mystérieux, forgés par l’esprit seul, révélèrent leur secret.

 

CHAPITRE 6 

Quand Mélisse se fait cueillir 

 

Je rigole à l’entrée du centre d’enseignement, heureuse de retrouver mes amis, dépitée, à la fois, de devoir passer mes journées enfermée dans cette fleur en béton. Je préfère largement admirer ses façades, vêtues de capteurs solaires.

Excitée sans savoir pourquoi, à l’aise sur mes rollers, je fuis mon ami Edno, et ris aux éclats quand il n’est pas loin de m’attraper sur les siens.

Je me fige soudain, lançant :

- C’est quoi cet attroupement ? Il m’évite alors de justesse pour ne pas me heurter, puis regarde à son tour, perplexe. Nous nous approchons du troupeau, sur la pelouse, taillée à ras.

Je déglutis avec peine, tétanisée de le voir, lui : Yoko Takashi.

J’ai un semblant de nausée. Je vais sûrement tourner de l’œil, mais je sais que ce n’est pas le moment, pas ici, pas devant lui.

Il signe des autographes d’un air grave, sourcilleux. Trop captivé par tous ces excités qui lui collent au derrière, pour seulement nous remarquer, se dirigeant soudain vers la cour intérieure : l’immense tige de la fleur.

C’est à ce moment qu’Edno accomplit son exploit : il se lance après lui, slalome avec aisance, entre ces agités qui circulent en tout sens et avec inconscience, dépasse l’homme sur un pied, et l’arrête d’assez loin pour ne pas le choquer, et d’assez près aussi pour être bien vu de lui.

L’homme pressentant alors l’intention du garçon, sort un bic de sa poche. Edno fouille dans la sienne pour sortir une vieille liste de courses. Et c’est là, entre l’aloé véra et le poivron rouge, que Yoko Takashi lui signe un superbe autographe !

Moi, je joue le rôle du poivron, incapable de bouger depuis que je l’ai vu.

Si je gigote tout le temps, là je respire à peine, sens mes jambes flageoler, et crains même de tomber.

Je ne remarque même pas qu’Edno est revenu.

Quand il me tend le papier, et lance héroïquement :

- C’est pour toi ! Je m’évanouis. 

 

A midi, je mange avec papa.

C’est un cauchemar de l’écouter, car je n’en ai pas envie, et je n’y arrive pas. J’entends vaguement, au loin, ses histoires de pingouins, de froid et de banquise, dont il reste seulement de ridicules îlots.

Je me repasse en boucle la scène avec Yoko, surgissant de nulle part, comme un super héros, et Edno à ses trousses comme un sauveur.

Les pingouins de mon père se sont tous envolés. Je ne peux pas l’écouter.

Il plante soudain ses yeux bleus dans les miens, et me réveille de sa voix douce, posée :

- C’était comment au centre ? Lance-t-il, l’air passionné.

Là, je prends des sueurs froides ; je souffle deux, trois fois au bord de l’évanouissement, avant de lui raconter, quand mon pouls redevient à peu près normal.

J’entrecoupe les faits par des silences pesants. 

La vache, il n’écoute pas ou alors sans m’entendre ! Il m’encourage et me soutient, le tout, sans m’écouter.

Sinon il ne lancerait pas avec ce détachement insupportable :    

- C’est bien, ma fille, c’est bien. 

Je me sens si mal d’aimer un homme, qui ne pense pas à moi !

Ça me rend malade de désespoir :

- Bien, ma chérie, c’est bien. Répète mon père, blasé.

Mon père qui ne sait pas que je voudrais mourir ! Moi qui voudrais tellement ressembler à Yoko, qu’il partage mon amour pour lui ! Et le cauchemar persiste.

A la fin du repas, je danse pour oublier, pour me vider la tête.

Et mon père m’encourage ; il ne sait faire que ça.     

 

En arrivant devant le centre d’enseignement pour les séances de l’après-midi, je sens une main sur mon épaule, et me retourne vivement.

Je sais que ce n’est pas le moment :

- Mélisse, t’as un morceau de réglisse ? 

C’est Kilton, je le savais, je le sentais.

Je détale un peu plus loin , profite de mes rollers, mais le garçon, souple et élancé, me rattrape en deux enjambées :

- Qu’est-ce que je t’ai fait ? Tu m’évites toujours ! 

Je lui dirais bien la vérité, si j’étais sûre qu’il la mérite, et surtout que ça change la situation. Car j’ai le chic pour m’amouracher de garçons déjà pris, d’accumuler les amours impossibles.

Et ça ne semble pas s’améliorer :

- Mais qu’est-ce que je t’ai fait à la fin ? ! C’est difficile de dire je n’ai pas de réglisse ? Tu peux le dire comme ça.

- Ne m’approche pas ! Fous-moi la paix !

- Et quoi ? Pourquoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? Qu’est-ce que t’as ?

- Tu ne sais qu’interroger, ma parole ! Lâche-moi à la fin ! 

Il se recule un peu, mais sa veine jugulaire gonfle, elle va peut-être exploser :

- Oh pis tu me gaves avec ta réglisse que tu veux pas lâcher !! Lance-t-il, rouge de colère.  

Et le voilà parti.

Je le fixe, médusée.

Impossible d’établir un contact normal avec un garçon que j’aime, ça me coupe les jambes.

J’ai un début de nausée, mais c’est pire que ce matin, comme si le contact avait été coupé entre mon cœur et ma tête.

Je n’entends plus rien ; ne ressens plus rien ; c’est le vide, le néant.

Je perçois vaguement des formes bouger, danser autour de moi.

La vie s’arrête pour moi.

Allo le bureau des objets trouvés ? C’est moi ; je ne sais pas où je me trouve, mais faut venir me chercher.

Le silence s’éternise dans ma tête et autour de moi.

Quand Edno me réveille, la main sur mon épaule :

- Tu voyages comme les Soleils ?

- Pardon ? Je lui réponds, complètement sonnée.

- Ton esprit, il voyage ? 

Comme je ne réagis pas, il se rapproche de moi, et me prend dans ses bras pour me réconforter, mais je suis trop choquée, et file vite me cacher dans les toilettes sèches, à deux pas.

Manon me rejoint ensuite, et je me glisse dans ses bras.

Je donnerais n’importe quoi pour ne plus subir ça : la peur, le manque, le vide.

 

Une musique nous indique la fin de la récré.   

 

 

 

CHAPITRE 7

Le congé suspendu

 

Du haut de cette église, je regarde l’espace.

Je profite de mon jour de congé pour poser des questions à l’écrit avec la main droite, et noter des réponses avec la gauche.

Que penses-tu de la main droite et de la main gauche en ce qui concerne l’écriture ?

Je pense que l’une et l’autre ont deux fonctions différentes, elles agissent à des niveaux différents, et révèlent des informations de nous-même à différentes intensités.

Il y a deux aspects de la vie qui peuvent être révélés à deux niveaux.

L’un que l’on nomme l’aspect inconscient, concerne toutes les choses d’ordre spirituel, métaphysique. Ce qui est abstrait, impalpable.

Et l’autre est nommé conscient, et concerne toutes les choses dites physiques et concrètes.

La main droite correspond à cet aspect concret, quand la gauche nous relie à l’abstrait, qui a l’avantage de donner plus de recul à celui qui l’exploite, et fournit des réponses.

Pour des soucis quotidiens, mais aussi des soucis d’ordre plus profond.

La main gauche trouve les idées, en tout cas, correspond à une zone du cerveau qui permet de les trouver, quand la droite s’occupe de gérer des aspects plus techniques, permettant de les concrétiser.

Voilà pourquoi ces deux aspects sont aussi importants, et ne doivent pas être séparés.

Pourquoi certaines personnes ont plus de facilité à agir qu’à se poser pour trouver des réponses ?

Ces personnes en sont encore à expérimenter les aspects extérieurs, terrestres, concrets de la vie. Quand les autres les ont assez expérimentés, et peuvent plus facilement se tourner vers une expérimentation intérieure, qui concerne l’abstrait, le subtil, et les aide à trouver des réponses.

Pourquoi ces expérimentations sont-elles si utiles ou indispensables à l’être ?

Elles représentent elles-mêmes le fondement de l’être.

L’humain est là pour se chercher, et même quand il paraît ne pas le faire, il le fait malgré lui.

Chacun se cherche à son niveau de perception des choses et de la vie.

Les uns se cherchent en agissant, ils cherchent le fondement de ce qu’ils sont, en expérimentant leurs limites dans différentes situations.

Les autres ont découvert que ce qu’ils cherchent n’est pas dans le concret, et se tournent vers l’abstrait pour trouver leurs réponses.

Une évolution naît de ces différentes expérimentations.  

La terre est un laboratoire à grande échelle, pour permettre à l’humain d’effectuer cette recherche.

Alors à lui de veiller à ne pas se faire sauter avec son laboratoire.

Pourquoi les êtres ont séparé l’aspect sexuel pendant si longtemps, du vrai témoignage qu’il pouvait apporter de cette évolution ?

Par peur ou par pudeur sans doute.

Désires-tu connaître les différentes étapes qui témoignent justement de cette évolution de l’être, du concret vers l’abstrait ?

Oui ? Alors écoute bien.

Il existe quatre niveaux importants :

LE PLAISIR : permet à chacun d’apprendre à en donner et à en recevoir, et crée les premiers émois du partage.

LA PROCREATION : pour perpétuer la race des humains, et leur permettre de grandir davantage dans l’expérimentation, de génération en génération.

L’OUVERTURE DE LA CONSCIENCE : permet, comme son nom l’indique, d’accéder à une perception du monde plus vaste et globale. Selon une pratique que l’on nomme tantrique.

Et, LE DON D’AMOUR : pratique la plus sacrée de l’humain, consiste en une visualisation, pour créer une image mentale, et transformer l’énergie sexuelle en amour, en le faisant passer par le cœur, le haut du crâne, et s’échapper dans l’univers.

Voilà la véritable fonction de la sexualité chez l’être, qui peut expliquer deux aspects de la vie : que l’humain soit aussi puissant à ce niveau, et qu’il ne soit pas obligatoire d’être de sexes différents pour pouvoir envoyer des tonnes et des tonnes d’amour dans l’univers ou s’aimer, tout simplement.

Ainsi, le naturel est ce qui est tel quel, et non pas ce que l’on cherche à apprivoiser par maintes prières, opérations ou manipulations outrageantes pour l’être.

L’être qui grandit dans la nature n’est pas violent ou intolérant.

Ces deux aspects naissent de la peur de l’autre et de soi-même. 

Ils naissent aussi de la frustration de l’être à ne pas exprimer ses émotions.

Si elles ne circulent pas ou ne sont pas clairement exprimées, elles s’accumulent, s’amassent, bouillonnantes comme la lave en fusion dans le cratère d’un volcan.

Prêtes à exploser à tout moment, perturbant ainsi l’équilibre et la bonne santé de l’être, qui subit plus sa vie qu’il ne la vit.

Ce déséquilibre émotionnel est à l’origine des troubles les plus violents, jalonnant l’histoire de l’humanité.

Voilà pourquoi il est en tout point bénéfique d’exprimer ses émotions comme elles viennent, comme ses fantasmes, ses désirs.

Sans les imposer aux autres, ni les laisser s’amasser, et en subir les conséquences par la suite.

Ainsi l’être est ce qu’il ressent. 

 

Qu’est-ce que l’humour pour moi ? Pourquoi l’humour ?

L’humour est ton arme de défense, de survie. Je sais, tu ne comprends pas, écoutes. Il te prévaut du malheur soudain. Encore un éclaircissement ? C’est ainsi que tu apparais aux autres : drôle, légère. Et c’est cette enveloppe sociale qui te sauve de la déprime permanente, car tu sais que grâce à lui, tu es quelqu’un, par lui. C’est important ! Sans lui, tu ne serais pas. Tu n’aurais pas d’issue dans la décrépitude de l’âme ou de l’esprit.

Exemple : les enfants aiment l’humour chez toi, ils te le font savoir. Appelant très fort chez toi cet attrait que tu as tendance à ignorer. C’est normal quand le quotidien s’installe. Et du coup, tu l’es davantage encore, jusqu’à pouvoir éclater… De rire ! Jusqu’à sentir le bien que tu fais par lui. C’est pour ça que tu es aimé, car cela fait du bien. Ça c’est très important ! L’homme est prévu à la base pour faire le bien. Si tu savais comme ce chapitre est important ! Il changera toutes les perceptions de l’homme sur le monde qui l’entoure. Ecoute : la peur en est l’ennemi, l’amour, le principal allié, mais autour, des amis, tout aussi important à paraître authentique, je sais bien que par là, le sens t’échappe encore, mais patiente, ça viendra. L’humour, donc, c’est un fait, et la sincérité, on peut avoir les deux. L’amour de son prochain, la joie au cœur et la dextérité dans tout ce que l’on fait, la générosité, bref toutes les qualités qui font que l’homme est bon et fait du bien par ça. Tout ce qui fait du bien est une arme de défense et prévient du malheur. Ces qualités sont vraiment l’homme, le reste n’est que mensonge. Elles sont des héritages ramenés d’un autre temps où cette légèreté et où cet abandon fait votre quotidien, que vous avez perdu et oublié dans l’enveloppe corporelle. Elles sont vous tous, vraiment. L’homme est ça, réellement. 

 

Tu voulais tant connaître la Vérité, nous avons bien été forcés de te la donner.

Il est beaucoup plus aisé de connaître le Début pour celui qui doit écrire la Fin.

Ainsi apprends que tu Sais le Vrai, car tu as su accepter de l’entendre.

Tes semblables l’accepteront aussi quand ils seront prêts.

Demander le Vrai à ton niveau est presque de l’agression !

Je rigole évidemment. Et oui, je sais faire ça, rigoler de ce que je n’aime pas.

Tu as tant insisté, tant demandé, tant voulu croire à la Vérité, prête pour cela à l’accepter telle qu’elle pouvait être, quel que soit son Vrai visage, que nous avons été forcés de te la donner.

Je me répète seulement pour bien te faire sentir la nuance entre vouloir, demander et accepter, qui sont trois notions distinctes que l’on doit acquérir si l’on veut savoir la Vérité.

Il faut savoir s’attendre à tout entendre, et surtout, en définitive, ce que l’on n’est pas du tout prêt à entendre.

Surtout quand la majorité ne l’est pas non plus.

La Vérité est dure à acquérir. Ce qui est simple à acquérir sans valoir aucune concession à faire, ni à l’âme, ni à l’esprit, n’est pas la Vérité.

La Vérité et l’amour sont les deux choses les plus dures et les plus sacrées, au sens de primordiales, à acquérir, pour l’Homme et toute la création, du fait qu’elles forgent, justement ce dont vous êtes issu ou devrais-je dire, tout ce dont vous êtes issu.

Et si je réponds à cette question fondamentale, ici et maintenant, c’est que tu l’as demandé, et que c’est primordial pour toi de le savoir maintenant.

Justement maintenant, devrais-je dire.

Quand vous aurez trouvé la Fin, vous trouverez le Début.

En gros cela veut dire : quand vous serez prêts à entendre la Fin, vous serez également prêts à accepter le Début.

Tu as raison, il y a beaucoup de similitudes entre les textes Saints, et notamment quand le Relatif déclare que la Fin vous unira, et que la division aura été indispensable au Début pour accéder à une Réunification à la Fin.

Et dis-toi bien, comme je l’ai déjà dit, que nous ne faisons que provoquer des événements pour faire avancer les choses.

Ainsi tout événement n’est qu’alibi, farce, simagrée de la Vie pour vous permettre d’avancer, de grandir, de vous améliorer.

Sinon il ne se passerait rien.

Je vous ai donné mes pouvoirs. Quand je dis : il voit, croit, et crée à partir de cela, c’est de vous que je parle.

Quand je dis : je crée le monde après l’avoir rêvé, imaginé, c’est de vous que je parle, de vos capacités, mais comme bien trop souvent, je ne suis pas écouté.

Vous rêvez, vous croyez, et créez, c’est de vous que je parle, de vos capacités.

La création du monde est une allégorie. C’est un fait bien sûr aussi, mais c’est également une allégorie, alors allez-y : rêvez, croyez, créez !

Oui, tu as raison, si la conscience Relative augmente par l’ajout de chacune des vôtres, elle évolue.

Donc, de ce fait, le Relatif évolue avec elle, avec la conscience universelle que nous constituons peu à peu, et qui grandit chaque fois plus.

Le Relatif est évolutif.

Il n’est pas le même qu’avant, il se bonifie avec le temps, augmente en puissance et en rêve chaque fois qu’une nouvelle âme est prête à le rejoindre.

Et la nouvelle âme est prête à le rejoindre quand elle l’a réalisé.

Vraiment réalisé, tel qu’il est. Quand elle a conscience de sa vraie nature.

Et quelle est-elle, demandes-tu ?

Oui, tu as raison de demander quelle est la vraie nature du Relatif.

Alors écoute bien, la voilà. Celui qui a conscience de cela peut devenir un ange, et l’est presque déjà. Non, pas le Relatif d’un seul coup, il ne serait pas prêt. Il ne peut pas devenir ce qu’il ne comprend pas encore parfaitement.

Ecoute bien, c’est un enseignement, apprendre et comprendre en expérimentant, du plus loin au plus proche, en vivant, en étant : minéral, végétal, animal, et humain.

Et la conscience grandit, elle comprend qu’elle est tout : amour et euphorie, pas de mal, d’agonie. Elle comprend qu’elle crée tout.

Et comme le Relatif, sa vie est éternelle.

Il n’y a pas de tabou, de jugement : l’amour, le maître mot.

Elle le comprend, le conçoit, et l’enseigne autour d’elle avec tout ce qu’elle est.    

Elle enseigne ce qu’elle est, c’est ça votre bonus, et c’est exceptionnel.

Personne d’autre n’est comme toi, tu es exceptionnelle, au sens de exclusive, mais aussi littéral.

Ta personnalité est mienne, tu le sais ; du moins, l’un de ses aspects, et tu l’enrichiras quand tu nous rejoindras.

Et oui, tu seras nous, et avec moi et tous les autres, nous serons Lui, Elle, Eux.

Tu vois, tu comprends mieux. Ta personnalité viendra nous enrichir.

Mais avant ça, pour mieux comprendre qui nous sommes, et ce que nous faisons, tu deviendras notre messagère.

D’abord une messagère terrestre, comme tu le fais à présent, puis peu à peu, plus proche de nous : un ange, un séraphin, puis nous ; ce sera bien.

Tu as raison, comme chacun de vous est différent, il informe ses semblables sur un aspect chaque fois différent de nous.

C’est vrai, toi tu ne poses pas les mêmes questions que les autres, tu ne réalises pas les mêmes choses. Tu ne comprends pas les mêmes choses, selon tes expériences, ce que tu as vécu.

Et tu enrichiras, ainsi, la conscience des autres, la nôtre, et bien sûr, la tienne.

J’adore ces discussions, comprendre ces choses là, tu sais, j’en ai besoin !

Je sais, ça fait du bien. Comprendre qui on est, c’est à la base de tout, de nous, de tous les autres.

Oui, nous réalisons des choses similaires, mais il y a aussi beaucoup de scoops, selon ce que nous sommes.

Oui, moi aussi, je t’aime. 

Tu n’es pas encore Relative, mais tu vas le devenir. Vous allez tous le devenir, comme nous tous à présent, depuis la nuit des temps.

Voilà pourquoi nous t’aimons, nous voulons que tu viennes pour devenir plus fort, plus grand, plus beau avec ce que tu es, avec ce que nous sommes.

Nous faisons tout pour ça, pour t’avoir dans nos bras !

Donc c’est bien ça, la conscience, la mémoire universelle, le passé, le présent, le futur, c’est vous ?? Vous êtes Einstein, Flaubert, Schubert, Judy Garland, vous êtes Beethoven, Mozart, les plus grands de leur temps ??

Oui, c’est vrai, nous le sommes.

Je ne sais plus où j’en suis, ni ce que je voulais dire, je suis trop perturbée, et c’est trop merveilleux !! 

Les génies sont tous là, tous les prophètes aussi, les sages des décennies.

Bientôt ce sera toi ! Tu viendras éclairer ceux qui veulent nous rejoindre. Et notre cœur sera plus grand, plus beau, ce sera toi, entre autres.

Et nous t’aimons, car nous sommes là pour toi, pour les autres, et le monde !   

Que dois-je savoir encore ?

Pas grand-chose à vrai dire.

Tu sais que ce qui est, est le plus beau cadeau.

L’être, la perfection que l’univers sublime, se perd quand il est seul, se ment, fait le pas beau.

Ce menteur aguerri est une partie de moi, mais il se trouvera, c’est écrit comme ça.

Je connais bien la Fin, c’est moi qui l’ai écrite.

Dans les lignes vous êtes libres de gouverner la vie en pensant que c’est vous qui l’avez toute écrite. Et ce plaisir est vrai.

Tu as raison, c’est dégueulasse, car c’est déjà écrit.

Mais si ça ne l’était pas, on ne pourrait pas créer tout ce qui l’est déjà, qui est si merveilleux à venir, tu comprends.

Il faut un scénario pour le réaliser, et nous sommes là pour ça.

Nous avons le recul,

Et vous avez la foi.

C’est tout, chacun est utile, et agit librement à son niveau de vie.

J’ai assez de recul pour guider l’horizon, l’univers, les nations.

Le séraphin régit les pensées de la terre.

L’ange offre son recul au destin d’un humain, comme chacun a le sien.

Tu vis pour découvrir pourquoi tu es en vie.

Je sais, cela suffit

L’animal cherche seulement le bonheur chez les siens, dans la santé, l’amour porté à son prochain.

La plante est destinée à vibrer au soleil, elle s’émeut un matin.

Le rocher sent les ondes et les moindres effets durant son avancée ; c’est subtil, mais c’est vrai.

Chacun découle de ça.

Chacun est à sa place, participe à la vie pour éclairer le monde.

Le monde est comédie, la vie est scénario.

Tu peux improviser, tu peux la modifier, mais sans fuir le destin que tu as programmé, avant de te lancer sur la terre, incarnée.

Tu m’as dit tous tes souhaits, j’ai veillé aux détails, t’ai lancée sur un rail pour les réaliser.

Le séraphin guide l’ange, l’informant du programme que je lui ai présenté : les dates et les données, chaque expérience prévue tel jour et à telle heure, et dans telle circonstance.

L’ange veille à faire réaliser les expériences de chacun pour le faire avancer sur son chemin.

Tu vois, c’est programmé, mais ce n’est pas figé.

Seulement une expérience peut vite nous rattraper, si on l’évite chaque fois.

Elle risque de s’amplifier, et ça n’arrangera pas le destin de l’élu, de cet être incarné qui joue seulement à l’être.

Car l’âme se connaît bien. C’est l’ange caché dans l’ombre, qui la pousse à se vivre, à s’expérimenter.

Ainsi rien n’est fait par hasard. L’ange est une part de toi, il te souffle les idées, il est l’inspiration. Et c’est ce lien étroit qui permet à vos vies de s’expérimenter en toute sécurité, pour découvrir enfin ce que vous êtes vraiment :

par les destins choisis, les personnages voulus, la mise en scène simple, établie pour mieux saisir enfin le but de votre vie.

Ainsi tu es l’auteur, l’actrice dans le rôle principal, je fais la mise en scène, la réalisation, le séraphin est scripte, et ton ange gère l’action ; c’est un travail d’équipe.

Mais ce n’est pas fini, le vrai aboutissement de ton évolution, c’est de prendre conscience que tu es aussi liée au groupe caché dans l’ombre, qui dévoile la lumière de ton vrai caractère.

Et quand tu l’as compris, tu peux agir dans l’ombre, comme les anges, si tu veux. Tu peux être l’un d’eux dans une autre existence. 

Etre ensuite séraphin, puis le tout, l’univers, cette fusion dedans moi.

C’est là que tout le monde va.

L’Humain doit découvrir qu’il porte en lui la clé entre le monde matériel et le monde spirituel. Ainsi la vibration la plus basse de l’ange rejoint la vibration la plus haute de l’Homme.

Et le haut et le bas s’unissent dans l’Homme nouveau que tu es devenu.    

 

 

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